Comprendre la prévalence, les risques et les mécanismes de prévention du cancer de la prostate en Afrique
Le cancer de la prostate est l'un des cancers masculins les plus courants sur le continent africain. Des études font état d'une incidence et d'un taux de mortalité élevés chez les hommes africains par rapport aux hommes d'autres origines. Cela s'explique par une combinaison de facteurs biologiques génétiques et sociaux. Des recherches montrent que les hommes d’ascendance africaine sprésentent davantage de caractéristiques génétiques associées à des formes plus agressives et difficiles à traiter. En outre, le faible niveau de préparation des systèmes de santé dans la plupart des pays africains, notamment en matière de diagnostic et de traitement, conjugué à la faible sensibilisation et à la limitation des programmes de dépistage entraîne un diagnostic souvent tardif, réduisant ainsi les chances de survie.
Le professeur Papa Ahmed Fall, défenseur de la détection précoce du cancer de la prostate et chef du service d'urologie/andrologie de l'hôpital Dalal Jamm à Dakar, aborde la prévalence du cancer de la prostate, ses facteurs de risque et les méthodes de prévention.
Quelle est la prévalence du cancer de la prostate en Afrique ?
La prévalence du cancer de la prostate en Afrique augmente, ce qui en fait un problème majeur de santé publique. Bien que les chiffres exacts varient d'un pays à l'autre, les études indiquent une incidence croissante, due au vieillissement des populations et à l'amélioration des méthodes de détection.
Au niveau mondial, le cancer de la prostate est désormais le deuxième cancer le plus fréquent chez les hommes après le cancer du sein, avec une estimation de 30 cas pour 100 000 personnes en Afrique. Ce chiffre varie considérablement d'un pays à l'autre, les taux les plus élevés étant observés dans les pays d'Afrique du Nord comme le Maroc et la Tunisie, ainsi qu'en Afrique du Sud.
Au Sénégal, par exemple, 250 à 300 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année, ce qui en fait l'un des cancers les plus fréquemment diagnostiqués chez les hommes. Cette tendance à la hausse est largement attribuée au vieillissement des populations et à l'amélioration des méthodes de diagnostic.
Quels sont les facteurs de risque du cancer de la prostate ?
Plusieurs facteurs clés influencent le risque de développer un cancer de la prostate. L'âge avancé est le principal facteur de risque, la plupart des diagnostics étant posés chez des hommes âgés de 60 ans et plus, bien que des cas chez des hommes plus jeunes soient de plus en plus souvent signalés.
La race joue également un rôle important. Les hommes noirs, y compris ceux d'origine afro-américaine et caribéenne, courent un risque plus élevé que les hommes d'origine asiatique ou hispanique. Il est à noter que lorsque le cancer de la prostate se développe dans ces populations d'origine afro-américaine et caribéenne, il se manifeste souvent à un âge plus précoce.
Au-delà de l'âge et de la race, la génétique est un élément crucial. On note aussi que des antécédents familiaux de cancer augmentent considérablement le risque. En outre, certains facteurs environnementaux, en particulier une alimentation riche en graisses animales, sont considérés comme des facteurs clés du développement du cancer de la prostate.
Comment prévenir le cancer de la prostate ?
Bien qu'il n'existe pas de méthode infaillible pour prévenir le cancer de la prostate, l'adoption de modes de vie sains peut réduire le risque de manière significative.
Une activité physique régulière est essentielle, non seulement pour le bien-être général, mais aussi pour la prévention du cancer de la prostate, car elle permet d'éviter l'excès de poids, qui est lui-même un facteur de risque. Une alimentation saine est tout aussi importante : la réduction de la consommation de graisses et de viande rouge et l'incorporation d'aliments riches en composés bénéfiques tels que le lycopène (présent dans les tomates) et le sélénium (présent dans les noix et les légumineuses) sont considérées comme jouant un rôle préventif.
Au-delà du mode de vie, la détection précoce est essentielle pour augmenter les chances de survie. Les tests de dépistage comprennent généralement un examen rectal et une prise de sang pour mesurer le taux de PSA (antigène prostatique spécifique). Bien que ces tests puissent sembler inconfortables, on ne saurait trop insister sur leur importance dans la détection des premiers signes de cancer.
Toutefois, l'accès limité à ces outils de dépistage et de diagnostic essentiels, en particulier au test PSA et aux biopsies de la prostate dans les zones rurales, constitue un défi de taille en Afrique. Le cancer de la prostate est donc souvent détecté à un stade avancé, ce qui se traduit par des taux de mortalité plus élevés.
Bien que des programmes de sensibilisation et de dépistage soient mis en place dans plusieurs pays africains, il reste encore beaucoup à faire pour améliorer la prévention, le diagnostic précoce et l'accès au traitement. Cela implique également de vastes campagnes d'information pour lutter contre la maladie, s'attaquer aux tabous et dissiper les fausses idées selon lesquelles la maladie de la prostate est liée à certaines pratiques sexuelles.